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Brochure coopération militaire et policière en Françafrique
Ce rapport, mis à jour en mars 2018, entend mettre en lumière un aspect institutionnel trop méconnu de la Françafrique : la coopération militaire et policière française avec des régimes autocratiques.
Le rapport propose une synthèse générale de la coopération policière et militaire (mise à disposition de conseillers, formations, fourniture de matériels) puis 3 études de cas : Cameroun, Togo, RDC.
Le rapport souligne tout d’abord la continuité de cette coopération militaire et policière, en dépit de réformes et d’évolutions institutionnelles. Aujourd’hui, l’argument du double continuum, entre sécurité et défense d’une part et entre sécurité et développement d’autre part, vient justifier une pratique indéfendable : le maintien d’un appui, à forte portée symbolique, à des armées ou polices coupables de graves violations des droits humains. Une approche « technique », qui voudrait former ces forces de l’ordre à réprimer moins brutalement, ne peut pas apporter de solution à un problème politique : les régimes en question sont illégitimes et ne devraient pas être soutenus.
Ce rapport insiste en outre sur le grave manque de transparence qui entoure la coopération militaire et policière française : absence d’information exhaustive sur les conseillers mis à disposition pays par pays, et à quel poste ; et opacité complète sur les fournitures de matériels dits « de sécurité », c’est-à-dire utilisés par les appareils répressifs de ces régimes.
Ce rapport met également en lumière une tendance inquiétante : la montée en puissance d’opérateurs parapublics ou privés pour mener les projets de coopération militaire ou policière, en lien avec les autorités françaises ; mais également une diversification des sources de financement de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) qui va de fonds relevant de la réserve parlementaire à des financements privés d’entreprises. C’est cette tendance que le titre du rapport entend dénoncer, en évoquant un "partenariat public-privé".
Enfin, le rapport revient sur les cas récents de répression féroce au Cameroun, au Togo et également, dans sa version mise à jour en mars 2018, en République Démocratique du Congo (RDC), pour montrer que l’absence de condamnation française claire des violations des droits humains par les forces de l’ordre est d’autant plus inacceptable que la présence de conseillers français sur place permet au Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères d’avoir toutes les informations en temps réel. En ne suspendant pas immédiatement sa coopération militaire et policière, le gouvernement français refuse ainsi de se désolidariser d’un appareil répressif brutal. Au Cameroun, l’Ambassadeur de France, lui-même militaire, a même remis des décorations françaises à des représentants des forces de l’ordre camerounaises à l’occasion des commémorations du 11 novembre, soit juste après qu’elles aient tué entre 40 et 100 personnes lors de la répression des manifestations dans les régions anglophones. Et au Togo, des matériels produits par des entreprises françaises ont été utilisés lors de la répression récente. Le gouvernement d’Édouard Philippe pourrait même valider la vente au forces armées togolaises d’hélicoptères d’attaque de l’armée française, qui avait été bloquée par le gouvernement précédent en arguant qu’ils pourraient être utilisés contre des civils.
Les revendications de l’association Survie, présentées en conclusion, portent notamment sur la transparence sur la coopération militaire et policière et sur sa suspension immédiate avec des appareils répressifs qui commettent de graves violations des droits humains.